Deux auteurs de polars historiques et prolifiques
Ce sont des auteurs de romans policiers classiques (c’est à dire raconté par la Police). Traités ensemble et pourtant ils ne se ressemblent pas.
Georges SIMENON:
1°/ Avant Maigret: Georges SIMENON est Belge et habite Liège. Il était coursier pour un journal. Puis il en devient pigiste pour la rubrique « Hors du poulailler ».
C’est à ce moment-là qu’il commence à écrire des romans populaires de 60 à 70 pages, sous des pseudonymes. Il écrit ainsi environ 180 romans.
2°/ Découverte du 36:
Il découvre le 36 Quai des Orfèvres, à Paris et parvient à obtenir l’autorisation de regarder travailler la Police. Il assistait aux interrogatoires.
C’est cette immersion dans le réel de la police et des enquêtes qui lui permet de créer des personnages crédibles dont le personnage principal de ses écrits : le commissaire Maigret.
3°/ Maigret:
Jusque-là dans les romans policiers c’était toujours le bandit qui tenait la vedette. Avec le commissaire Maigret c’est un policier qui est le personnage central. C’est une grande première.
Simenon cherche alors un éditeur. Arsène Fayard finira par accepter de le publier à la condition de pouvoir publier un nouveau Maigret par mois. Ces livres connaîtront un franc succès et seront traduits en plusieurs langues. Il en écrira 107. Au moins 50 seront adaptés à l’écran.
Avec les romans qu’il avait publié sous pseudonymes on peut lui attribuer plus de 400 livres à son actif.
4°/ La méthode Simenon :
Écrire tôt le matin, de 4 à 8-9 h le matin en fumant deux pipes et en buvant une bouteille de vin rouge. Cela lui permet d’avoir tout son temps pour honorer ses nombreuses maîtresses dans l’après-midi. Certains le disait atteint de priapisme (or le priapisme médicalement parlant se manifeste par une érection anormale, prolongée, douloureuse, non accompagnée de désir ou d'excitation sexuelle).
Il s’astreint à écrire 1 chapitre/ j sachant que chaque roman compte 14 chapitres.
Sa notoriété ne le consolait pas du manque de reconnaissance littéraire. En effet il n’a jamais reçu de prix comme le Goncourt ou autre. Pourtant André Gide à tout essayé pour lui en faire obtenir un. Après sa mort ses livres ont été édités par la Pléiade ce qui est un grand signe de reconnaissance.
Frédéric DARD :
1°/ Touche à tout : Au début Frédéric Dard crée une maison d’édition, les Éditions de Savoie, qui publiait de très beaux livres à partir de textes tombés dans le domaine public. Il a aussi fait des adaptations pour le théâtre et il a eu une appétence pour la peinture (moins heureuse et aboutie que le reste).
Cette maison d’édition l’avait déjà mis a l’abri du besoin.
2°/ Naissance de San Antonio:
Dans les années 50, apparaît les éditions du Fleuve noir publient la série noire, polars traduits de l’américain sous la responsabilité d’Armand De Caro.
C’est à ce moment-là que Frédéric Dard sort son premier San Antonio intitulé « Règle lui son compte » qui va faire long feu. Il se rapproche de son ami Armand de Caro qui le publie mais cela ne fait pas fureur. Pour autant l’auteur et son éditeur persévèrent et à partir de 1953 les histoires du commissaire San Antonio et de son adjoint Bérurier remportent un franc succès.
3°/ Obsédé textuel :
Frédéric Dard est un véritable bourreau de travail, mais pas selon la méthode Simenon.
Sa boulimie de travail l’amène jusqu’au burn-out. Il faut dire que le rapt de sa fille, plus la liaison qu’il eu avec Françoise de Caro (fille de son éditeur) alors qu’il est marié participent à son surmenage. Il tente alors (en 1968) de se suicider en se pendant. Il sera sauvé in extremis et reprendra son travail d’écriture. En 1975 avec ses éditeurs ils fêtent les 100 millions de livres vendus en France.
4°/ Inventeur d’une langue :
Bérurier est un personnage intelligent mais rustre. C’est dans sa bouche qu’apparaissent les mots qui constituent le langage des San Antonio.
En 1983 trois étudiants sortent un dictionnaire des mots de San Antonio. C’est la première fois depuis Rabelais qu’un auteur invente une langue.
4°/ Quête de reconnaissance :
Tout comme Simenon, Dard n’obtiendra jamais le Goncourt ou toute autre distinction littéraire puisque le genre policier est comme en dehors de la littérature. Néanmoins la langue inventée et la reconnaissance des lecteurs sont un hommage à son savoir-faire. Jean Dutour a essayé de le faire entrer à l’Académie française mais sans succès.